Abdel Malik - Même les petits jeunes ont des choses à dire et beaucoup de sagesse

Jef Kazak Sam 24 Jan - 16:15

paroles : ça c'est du lourd a écrit:Je m'souviens, maman qui nous a élevés toute seule, nous réveillait pour l’école quand on était gamins, elle écoutait la radio en beurrant notre pain, et puis après elle allait au travail dans le froid, la nuit, ça c’est du lourd.

Ou le père de Majid qui a travaillé toutes ces années de ses mains, dehors, qu’il neige, qu’il vente, qu’il fasse soleil, sans jamais se plaindre, ça c’est du lourd.

Et puis t'as tous ces gens qui sont venus en France parce qu’ils avaient un rêve et même si leur quotidien après il a plus ressemblé à un cauchemar, ils ont toujours su rester dignes, ils n'ont jamais basculé dans le ressentiment, ça c’est du lourd, c’est violent.

Et puis t'as tous les autres qui se lèvent comme ça, tard dans la journée, qui se grattent les bourses, je parle des deux, celles qui font référence aux thunes, du genre "la fin justifie les moyens" et celles qui font référence aux filles, celles avec lesquelles ils essaient de voir si y’a moyen, ça c’est pas du lourd.

Les mecs qui jouent les choses zerma devant les blocs deal, un peu de coke, de temps en temps un peu de ke-cra (crack) et disent « je connais la vie moi monsieur ! », alors qu’ils connaissent rien, ça c’est pas du lourd.

Moi je pense à celui qui se bat pour faire le bien, qu'a mis sa meuf enceinte, qui lui dit j’t’aime, je vais assumer, c’est rien, c’est bien, qui va taffer des fois même pour un salaire de misère, mais le loyer qu’il va payer, la bouffe qu’il va ramener à la baraque, frère, ça sera avec de l’argent honnête, avec de l’argent propre, ça c’est du lourd.

Je pense aussi à ces filles qu’on a regardé de travers parce qu’elles venaient de cités, qu'ont montré à coup de ténacité, de force, d’intelligence, d’indépendance, qu’elles pouvaient faire quelque chose de leur vie, qu’elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient de leur vie, ça c’est du lourd.

Mais t’as le bourgeois aussi, genre emprunté, mais attention je n'généralise pas, je dis pas que tous les bourgeois sont condescendants, paternalistes ou totalement imbus de leur personne, je veux juste dire qu’il y a des gens qui comprennent pas, qui croient qu’être français c’est une religion, une couleur de peau, ou l'épaisseur d’un portefeuille en croco, ça c’est bête, c'est pas du lourd, c’est...

La France elle est belle, tu le sais en vrai, la France on l’aime, y’a qu’à voir quand on retourne au bled, la France elle est belle, regarde tous ces beaux visages qui s’entremêlent.

Et quand t’insultes ce pays, quand t’insultes ton pays, en fait tu t’insultes toi-même, il faut qu’on se lève, faut qu’on se batte dans l’ensemble, rien à faire de ces mecs qui disent "vous jouez un rôle ou vous rêvez", ces haineux qui disent "vous allez vous réveiller", parce que si on est arrivé, si on est arrivé à faire front avec nos différences, sous une seule bannière, comme un seul peuple, comme un seul homme, ils diront quoi tous ?

C’est du lourd, du lourd, un truc de malade…...

Jef Kazak Sam 24 Jan - 16:20

Bravo jeune homme !!

Un vieux qui y croit encore. Qui pense que c'est pour les enfants que l'on se bat à rendre les autres meilleurs. Tu pèses, mon grand. Tu pèses. Et je suis fier de toi, mon fils, mon frère.

Jef Kazak Jeu 29 Jan - 15:51

Et quoi, les vieux ? Ce que dit ce jeune homme ne vous interpelle pas ?

Est-ce la forme ou le fond qui vous dérange ?

roller Jeu 29 Jan - 20:51

Le vieux que je suis a visionné vite fait :

Vite fait parce que mes oreilles saisissent mal les mots, parce que les paroles scandées et le style ne me parlent pas, même la vidéo n’est pas un mode qui m’est familier, ça viendra si je persiste à vivre…

- Dans le genre chanté, je me suis arrêté à Brel, Brassens …

- Dans le phrasé, l’accent, il y a quelque chose qui m’agresse. Je connais des jeunes, ma famille est multi ethnique, multi religieuse, et tous d’origine très modeste. Nul n’a cet accent, tous se sont efforcés d’accéder au langage commun, qui semblait facteur d’émancipation.

J’ai davantage accès au texte écrit d’Abdel Malik, mais le style là encore ne m’est pas familier.

Quant aux conditions décrites, je les ai vécues : sans chauffage central, sans eau courante, sans télé et avec difficultés à se vêtir, à se nourrir ( pas de beurre sur les tartines) et se soigner. La guerre a retenu mon père cinq années durant…

Autrement dit, ce n’est pas là ce qui m’impressionne. Sans compter que je hais les manipulations par l’émotion à la peur, à la compassion, ou à la repentance…

Par contre, au temps de notre jeunesse, nous pensions avoir un avenir, car il y avait du travail pour tous, même si les conditions étaient dures et « la thune » rare. ( Peu d’écoles, pas de transports, pas de téléphone)

Il semblait que notre pays avait une unité, une puissance à réparer les ruines de la guerre. L’école nous présentait la France comme porteuse, vers l’Afrique ou l’Asie colonisée, de valeurs d’émancipation, de civilisation, de développement et de culture. (mensonge ou réalité ?)

Il n’est pas simple à nos cerveaux, ainsi conditionnés, de sentir une sorte de menace de désordre, un reproche constant.

La France se réjouit d’avoir été colonisée par les Romains d’où est né le Français, France héritière de codes de lois, de modes de vie moins frustres. Je pensais que ce Français, faisant l’unité de langage de certaines contrées africaines, serait un plus pour ces pays en développement… Et il n’en est pas ainsi, soit, mais je souffre de cette jeunesse qui malmène notre langue, dans ce pays-ci.

Je m’attends à des moments difficiles pour nos vieux pays. Bien sûr que toute jeunesse, diverse et dynamique, lucide et courageuse, devra inventer un monde où les vieux auront des peines à retrouver leur racine. Je ne suis pas de ceux qui vantent l’expérience des vieux et s’accrochent aux traditions.

Il y a des sentiments positifs dans ce texte, mais que je ne sois ni chauvin, ni conservateur, mes filtres naturels ont du mal à laisser passer ce langage, même s’il est porteur d’espoir.

C’est bien pourquoi, dès 60 ans, je me suis retiré de toutes responsabilités sociales ou associatives. Je souhaite que ce courant secrète le progrès, je me sens dépassé et je crois que mon rôle le plus utile est de ne pas gêner.

Il y a un âge pour l’adaptation au mouvement, quoi qu’on en dise et quelle que soit l’entretien consacré au corps et à l’esprit. Ce qui retient mon attention au monde, c’est bien l’espoir d’un monde meilleur.

Pourvu que les jeunes ne se laissent pas prendre à toutes les illusions que les éternels exploiteurs vont leur tendre … à commencer par l’appauvrissement du langage, donc de la pensée.

A vrai dire, ce n’est pas ce jeune-ci, qui - objectivement- est plutôt bien, qui me mets mal à l’aise … c’est sans doute une atmosphère générale que j’ai du mal à analyser.

Contenu sponsorisé

Abdel Malik - Même les petits jeunes ont des choses à dire et beaucoup de sagesse

Abdel Malik - Même les petits jeunes ont des choses à dire et beaucoup de sagesse

...

Et quoi, les vieux ?

Re: Abdel Malik - Même les petits jeunes ont des choses à dire et beaucoup de sagesse

Re: Abdel Malik - Même les petits jeunes ont des choses à dire et beaucoup de sagesse